Et si on parlait du triomphe du Cœur Immaculé de Marie ?
Fête de l'Assomption à Saint Pierre de Colombier
15 août 2019
1- Une belle journée en l'honneur de Notre-Dame
En ce dernier 15 août, nous avons été heureux d'accueillir à Saint Pierre des familles, venues se ressourcer aux pieds de Notre-Dame des Neiges pour quelques jours, ainsi que nos jeunes pèlerins, faisant étape au cours de leur pèlerinage sur le plateau ardéchois, pour fêter l'Assomption avec toute la communauté.
Après une belle messe (cf. homélie ci-dessous !), et un après-midi détente, la journée s'est conclue par une grande procession à Notre-Dame des Neiges, pour lui confier la France, à elle qui en est la Patronne principale, ainsi que toutes les intentions de l'Eglise et du monde.
2 - Homélie : et si on parlait du triomphe du Cœur Immaculé de Marie ?
Homélie pour la fête de l'Assomption (à partir de 35:45)
Fr. Clément-Marie, 15 août 2019, St Pierre de Colombier
Quelques fois, j’ai entendu dire que l’on parlait toujours, à Saint Pierre de Colombier, du triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Je dois dire que cela m’a fait plaisir, car d’autres disent que l’on parle sans cesse de l’enfer ! Alors j’ai pensé qu’il était bon, en ce jour de l’Assomption, de parler… du triomphe du Cœur Immaculé de Marie ! Mais pourquoi en parlons-nous si souvent ?
Je donnerais trois raisons.
La première est que nous avons la foi. Jésus a promis à ses disciples deux choses : le combat… et la victoire. Beaucoup d’autres thèmes pourraient sembler prioritaires aujourd’hui : la lutte contre la pauvreté, le combat pour la famille, une saine écologie intégrale… Autant de thèmes qui sont importants (et dont on parle aussi à Saint Pierre de Colombier !). Mais qui en réalité demeurent accessoires s’ils ne sont pas reliés directement à la foi en Jésus, unique sauveur de tous les hommes. Or nous sommes dans un monde sans foi. Comme à un mariage sans vin. Et c’est à la prière de la Mère, dont le cœur attentif veille, que cette foi grandira. Mais cette foi est un combat, et un combat très violent : le tiers des étoiles du ciel est précipité sur la terre par la queue du dragon. C’est pourquoi nous ne comptons pas sur les forces visibles, sur nos propres efforts, même s’il les faut. C’est de Dieu que viendra la victoire, comme pour la Vierge Marie en son Assomption. La Vierge Marie n’est pas montée au Ciel par ses propres forces. Mais par la force de Dieu, en qui elle avait mis toute sa foi : « Bienheureuse celle qui a cru ! » Et depuis ce moment de l’Incarnation, Dieu a toujours voulu passer par sa Mère : « Tout est venu du Christ, même Marie ; tout est venu par Marie, même le Christ. » (1) C’est par sa Mère aussi qu’il veut que vienne le triomphe final. Donc, parler du triomphe du Cœur Immaculé de Marie, c’est avoir la foi, c’est croire ; croire que la victoire viendra, et qu’elle viendra par l’intercession de la Mère.
La deuxième raison pour laquelle on parle souvent de ce triomphe du Cœur Immaculé de Marie, c’est que nous avons l’espérance. Oscar Cullmann, un théologien luthérien estimé de Benoît XVI, avait pris une comparaison : il disait que ce temps entre la victoire de Jésus (sa mort et sa résurrection) et le retour de Jésus dans la gloire est un peu comme le temps qui, dans une guerre, sépare la bataille décisive de l’armistice : « Le repère central se trouve dans la bataille décisive, quelque longue que puisse être l’attente de son effet définitif. » (2) Ainsi, la victoire est certaine, acquise, mais il faut encore se battre un moment. Ainsi, entre le débarquement du 6 juin 1944 et l’armistice du 8 mai 1945, presque une année s’est écoulée… Nous vivons entre l’événement décisif (la Croix et la résurrection) et l’accomplissement de la victoire (le triomphe du Cœur Immaculé de Marie). Or il est important de parler souvent, en période de guerre, de la victoire prochaine. De quoi parlait-on souvent dans les familles françaises, dans les familles de résistants ? De la victoire prochaine ! C’est cet état d’esprit qui a forgé les résistants : c’était une résistance discrète, mais très puissante que d’entretenir tout simplement dans les familles la flamme de la victoire, en en parlant souvent ! C’est la mission de notre Famille Missionnaire en ces temps difficiles. Parler souvent du triomphe du Cœur Immaculé de Marie, c’est entretenir la flamme de l’espérance – c'est-à-dire de la certitude – de la victoire de la femme sur le dragon. Une espérance réaliste, qui sait qu’il y a encore des combats à mener. Mais une espérance sûre, qui sait aussi que la victoire approche.
Enfin, la troisième raison pour laquelle nous parlons si souvent du triomphe du Cœur Immaculé de Marie, c’est que cela nous donne de la joie – et nous en avons besoin ! La Vierge Marie est « cause de notre joie ». En ce jour de l’Assomption, elle nous montre ce que nous vivrons. Elle nous montre le chemin que nous emprunterons vers la joie éternelle. Cette joie déborde aujourd’hui du Cœur de la Vierge Marie dans le Magnificat. N’oublions pas les circonstances dans lesquelles il est chanté : dans le combat et la foi. Parce que l’Incarnation est déjà annoncée et accomplie dans le secret, mais pas encore au grand jour. Nous sommes dans une situation similaire : le triomphe est déjà annoncé, et accompli dans le secret, mais pas encore au grand jour. Ainsi, dans cette situation, où la Vierge Marie est présente à ses enfants, nous nous exclamons dans la joie comme Élisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Comment avons-nous ce bonheur que la Mère de notre Sauveur soit si proche de nous ? Cette solennité est donc un débordement de joie et de confiance.
C’est aussi un jour particulièrement cher à nos cœurs de fils et filles de France. Nous chantons ce jour à la Vierge Marie : « Sous votre nom d’augustes sanctuaires ont en tout lieu couvert le sol français, nobles témoins de la foi de nos pères... » Dans tous ces sanctuaires de France aujourd’hui on célèbre cette Mère qui entretient en nos cœurs la foi, l’espérance et la joie. Confions à la Vierge Marie, en ce 15 août, nos familles et notre pays. Et prions pour qu’aujourd’hui encore, en France, des sanctuaires puissent voir le jour, et être des témoins de notre foi et des lieux de préparation à ce triomphe du Cœur Immaculé de Marie.
Références citées :
(1) BENOÎT XVI, Méditation pour la procession eucharistique à Lourdes, 14 septembre 2008
(2) Joseph RATZINGER, La mort et l’au-delà, Communio-Fayard, 1979, page 66